Oulaa 40 minutes de lecture ?? Je le lirai dem— 🛑 Vous avez cliqué pour lire un article sur la procrastination hein, donc ne procrastinez pas dessus peut-être ? 😂
Puisqu'on est dans les mauvaises nouvelles, en voici une autre : il n’existe pas de solution universelle à la procrastination.
Malgré ce qu’on peut lire un peu partout sur internet, il n’est pas possible de l’éliminer complètement de sa vie.
Pourquoi ?
Est-ce parce que c’est un phénomène récent ? Nope.
On retrouve des mentions de la procrastination à travers le monde jusqu'en 800 av. J.-C. dans un poème d'Hésiode, en 200 av. J.-C. dans le Bhagavad Gita (un des textes Hindous les plus influents) ou encore dans un discours de Cicéron (106 - 43 av. J.-C.).
Est-ce parce que c’est un sujet snobé par les scientifiques ? Nope.
La procrastination est étudiée dans TROIS disciplines : en économie, philosophie et psychologie.
Même si les premières études et essais scientifiques sur le sujet ne datent que de la fin du 20ème, c'est un peu décevant. Voire désespérant, si vous avez comme moi un vrai problème avec la procrastination.
(J'ai mis à peu près six mois de l’idée à la publication de cet article, soit trois mois de retard avec ce que j'avais prévu à la base… **Gros soupir**.)
Est-ce que ça veut dire qu'on l’a dans l’os alors ? Non plus.
Malgré le fait que nous sommes plus ou moins condamnés à vivre avec, tout espoir n’est pas perdu. Nos perspectives sont même plutôt bonnes.
Le consensus ressortant de mes recherches et de la littérature scientifique existante est qu'il est possible de réduire considérablement notre probabilité à procrastiner.
Mon objectif avec cet article est de comprendre suffisamment la procrastination pour trouver des systèmes qui en diminueront notablement l'impact sur notre quotidien.
Note : il est capital d'avoir une bonne compréhension du phénomène et de ce qui se passe dans notre tête avant d'aller tout de suite chercher les solutions. Appliquer sans comprendre donne rarement de bons résultats.
(Mais si vous êtes quand même trop impatients, il y a un TL;DR à la fin et un tableau avec les 32 techniques anti-procrastination mentionnées au cours de l'article.)
OK, commençons par le début. C'est quoi exactement la procrastination ?
C’est grave docteur ?
Le dictionnaire définit la procrastination comme l’action de remettre quelque chose au lendemain.
La procrastination revient souvent à éviter quelque chose de désagréable et faire quelque chose de plaisant à la place. On pourrait presque penser que ça n’a pas l’air si mal, hein ?
Malheureusement, elle laisse un arrière-goût ressemblant fortement à du désespoir et du dégoût de soi.
La procrastination est d’ailleurs liée à la dépression. L’une entraîne souvent l’autre. Quand on est déprimé, nous avons pas envie de faire grand chose et quand on procrastine notre estime personnelle chute.
Dr. Piers Steel, spécialiste du sujet et auteur du livre “The Procrastination Equation”, a une définition sensiblement différente. Pour lui, procrastiner est délayer volontairement un plan d’action tout en sachant que le délai aura un impact négatif.
Cette définition est un peu plus anxiogène.
En image, ça donne : je sais que je vais me cramer si je mets la main sur le grill, mais je le fais quand même. Encore et encore.
👉 La procrastination serait potentiellement une forme de maladie alors ?
Fort heureusement, ce n’est pas le cas. Pourquoi ?
La procrastination est trop répandue.
Une étude (Ellis & Knaus, 1977) rapporte que 90% des étudiants interrogés reconnaissent être sujets à la procrastination et que 25% d’entre eux se considèrent comme des procrastinateurs chroniques.
Même les plus accomplis d’entre nous y sont sujets. Par exemple :
- Victor Hugo a failli faire face à des amendes et actions juridiques de la part de son éditeur à force de procrastiner sur l’écriture de son roman “Notre-Dame de Paris”.
- Leonardo da Vinci, malgré tous ses accomplissements, avait beaucoup de mal à honorer ses commandes et finir ses projets. La Joconde elle-même n’a jamais été livrée à son commanditaire et n’a pas été officiellement “finie”.
D’un point de vue médical ou évolutionniste, quelque chose d’aussi répandu et existant depuis aussi longtemps a peu de chances d’être une maladie.
Déjà ça. Par contre, parler de LA procrastination est un peu simpliste.
Y en a pour tous les goûts
Il y a une ribambelle de types de procrastinations différentes, probablement autant qu’il y a de procrastinateurs.
On comprend tout de suite pourquoi il n’existe pas de solution universelle.
Il y a cependant quelques archétypes qui se détachent :
- Les accros de la dernière minute : adorent le rush de finir quelque chose aussi proche que possible de la deadline.
- Les anxieux : repoussent l’échéance par peur de l’échec ou du jugement des autres.
- Les débordés : passent leur temps à faire des choses de moindre importance. Sont toujours occupés mais n’accomplissent pas grand chose.
- Les indécis : ont du mal à prendre des décisions et agir dans les temps.
- Les impulsifs : sont facilement distraits, peu disciplinés.
- Les perfectionnistes : cherchent à créer l’impossible ou peaufiner chaque détail à l’infini.
- Les dépressifs : souffrent de dépression, sont fatigués et n’ont pas la volonté d’agir.
(Personnellement, je me reconnais dans la plupart de ces catégories…)
La procrastination n’est pas une maladie mais tout ça a quand même l’air bien irrationnel. Qu’est-ce qui nous passe par la tête ?
C’est la guerre dans mon cerveau
Deux observations du psychologue Dr. Kanojia ont chatouillé mon attention :
- Notre cerveau est très parcimonieux dans sa façon de fonctionner et cherche à nous protéger de la souffrance.
- Les problèmes de l’esprit sont souvent des fonctions normales du cerveau qui échappent à notre contrôle.
Selon lui, la procrastination n’est pas un problème mais une solution inventée par notre cerveau pour accomplir nos tâches de la façon la plus parcimonieuse possible.
La plupart des procrastinateurs ne passent pas leurs vies à ne rien faire, loin de là.
Ils fonctionnent majoritairement en faisant leur besogne sous le coup de la panique—ou plus affectueusement formulé, avec l’inspiration de la dernière minute.
Pour prendre un exemple scolaire, notre cerveau calcule de la façon suivante : “si je peux bosser la veille, m’amuser le reste du trimestre et avoir une note suffisante, pourquoi devrais-je trimer tout le trimestre pour avoir une note un peu meilleure ?”
Sauf que voilà : cette “solution” de notre cerveau n’est généralement pas compatible avec les objectifs qu’on se fixe et notre succès.
Travailler à la dernière minute implique une qualité de rendu souvent médiocre et fonctionner uniquement sous le coup de la panique n’est pas hyper sain (il paraît).
Ah, et tout ça c’est quand il y a des deadlines. Que se passe-t-il s’il n’y en a pas ou si celles-ci cessent de nous effrayer ?
Pas grand chose.
Tim Urban de waitbutwhy.com illustre le raisonnement du procrastinateur avec une interprétation humoristique de la matrice d’Eisenhower :
On peut survivre en ne faisant que ce qu’il y a dans le Q1 et Q3, mais comme le dit Eisenhower :
Ce qui est urgent est rarement important, et ce qui est important est rarement urgent. — Dwight Eisenhower
Ces deux quadrants sont généralement de la maintenance, pas de la croissance personnelle. On y trouve par exemple nos obligations et les tâches pour le bénéfice d’autrui.
Les choses qui nous font grandir, dont on est les plus fiers comme par exemple perdre du poids, écrire un livre, lancer son blog, … sont dans le Q2. Que le procrastinateur ne visite… jamais.
En outre, quand elle est sévère, la procrastination fait partie de notre identité.
Notre narration interne devient : “j’ai des idées mais ne les concrétise pas”, ou “je suis toujours en retard”, ou “de toutes façons je vais échouer”. Nous avons appris à être impuissants, battus par avance.
La procrastination devient une prophétie auto-réalisatrice qui se nourrit de la faible confiance en notre capacité à être productif.
Nous devenons même capables de nous attaquer à des tâches désagréables uniquement pour éviter ce que nous sommes supposés faire. (Ou alors c’était vraiment le moment d’aller passer l’aspirateur, on ne sait jamais.)
C’est d’ailleurs un des principes de l’économie comportementale : l’être humain est capable de poursuivre les tâches les plus révoltantes du moment qu’elles lui permettent d’en éviter des pires. (Ou perçues comme pires dans notre esprit tordu de procrastinateur.)
👉 De quoi le cerveau nous protège-t-il pour avoir créé une solution aussi irrationnelle et incompatible avec notre réussite personnelle ?
J’ai relevé 5 causes principales à la procrastination.
On est plusieurs là-dedans
Des zones différentes de notre cerveau ont des objectifs différents et sont en compétition constante pour contrôler notre comportement.
Boum. Il y a plusieurs nous dans nous, et ils ne sont pas d’accords. Nous v’là beaux.
Dans le cas de la procrastination, c’est le combat entre notre cortex préfrontal et le système limbique qui nous intéresse.
Pour faire court, le système limbique se bat pour le plaisir immédiat et satisfaire nos impulsions; le cortex préfrontal se bat pour notre bénéfice sur le long terme et contrôler nos impulsions.
Pour le procrastinateur, le système limbique gagne trop souvent. Nous avons beaucoup de mal à résister à nos impulsions.
Cause de procrastination n°1 : Domination du système limbique face au cortex préfrontal.Tim Urban, encore lui, en a fait une série d’illustrations assez cocasses :
Il appelle le système limbique “l’Instant Gratification Monkey”, dont la prévalence dans le cerveau du procrastinateur a des conséquences… inopinées :
La procrastination résulte de l’écart entre notre état d’esprit pendant la planification de nos tâches (par le cortex préfrontal) et leur réalisation (quand le système limbique s’en mêle).
C’est presque comme si nous étions une personne différente. (La théorie du “moi divisé” en psychologie.)
En tant que procrastinateur, notre système limbique a trop d’influence sur nos actions. Cette partie normale de notre cerveau, échappe à notre contrôle.
Sachant que cette zone du cerveau est entre autres responsable des émotions, de la recherche du plaisir et des impulsions, on comprend l'irrationalité de la procrastination.
Vous vous rappelez quand je disais qu’on ne peut pas supprimer complètement la procrastination ?
La réponse est là : la procrastination est en plus une bataille qui devra être revécue quotidiennement.
Notre mémoire est déficiente et le système limbique fonctionne en pilote automatique si on le laisse faire. (Je sais pas qui nous a créés mais j’aurais quelques réclamations à soumettre.)
Nous oublions l’attraction viscérale des distractions du jour au lendemain et les victoires d’hier n’auront pas forcément d’impact aujourd’hui.
De plus, si on veut être rationnels (et donc utiliser notre cortex préfrontal), cela implique forcément un effort de notre part. Tous les jours, constamment, sans fautes.
Vous vous doutez bien que si on doit se battre bec et ongles chaque jour pour ne pas procrastiner, il y a peu de chances que nous en sortions vainqueur 100% du temps.
Donc pour résumer : la procrastination vient de zones de notre cerveau qui se tirent dans les pattes.
C’est de l’auto-sabotage, et la raison est souvent un manque de confiance.
Flippaille et pessimisme
Une des causes profondes de la procrastination est la peur de l’échec et du regard des autres. Nous avons peur qu’ils voient nos faiblesses et nous jugent.
Cause de procrastination n°2 : Peur de l’échec et du regard des autres.Comme nous, procrastinateurs, sommes hypers rationnels, plutôt que de risquer l’échec, nous créons (souvent inconsciemment) des conditions où le succès est impossible. Euh, quoi ?
Eh oui, si on veut faire quelque chose mais qu’on procrastine, la possibilité de réussir n’existe plus.
Nous avons peur de l’échec mais en procrastinant nous… garantissons l’échec.
Ce faisant, nous nourrissons notre narration interne : “l’échec est inévitable et je ne suis pas quelqu’un de productif”.
Plus on pense que nos chances de succès sont faibles, plus notre confiance plonge.
Notre pessimisme ne cesse de grandir.
Si vraiment on veut se marrer, ajoutons à ceci la tendance au perfectionnisme de beaucoup procrastinateurs (comme moi). On se retrouve avec des objectifs irrationnels EN PLUS du manque de confiance.
Succès garanti…
Bon, ne désespérons pas. Le temps guérit tout, n’est-ce pas ? Eh bien, pas sûr.
Le temps, ce salopiaud
La procrastination vient en partie notre relation compliquée avec le temps.
Chaque être humain possède une quantité de temps finie. La différence entre quelqu’un extraordinaire et une personne ordinaire peut parfois être réduite à la façon dont ils utilisent cette quantité limitée de temps.
Pour chaque Elon Musk, il existe un bon nombre de personnes au potentiel intellectuel équivalent qui n’accomplissent pas grand chose de leur vie parce qu’ils (entre autres) gaspillent leur temps dans les mauvais quadrants de la matrice d’Eisenhower.
Nous pouvons accomplir des choses incroyables avec une utilisation intelligente de notre temps en congruence avec une vie équilibrée.
En théorie. Un peu moins évident en tant que procrastinateur invétéré.
Cause de procrastination n°3 : Mauvaise appréhension du temps.La procrastination apparaît en particulier quand notre capacité à envisager le futur prend une importance trop grande dans notre raisonnement.
Futur-moi, ce héros… Présent-moi cet imbécile
Notre vision du futur inclus rarement les problèmes du présent, comme par l’exemple l’influence du système limbique.
Comme l’a relevé Daniel Kahneman avec ce qu’il a appelé le biais de planification, nous sous-estimons le temps nécessaire à l’accomplissement de nos tâches. Nous ne prenons pas en compte la durée de projets similaires passés et nous imaginons une situation parfaite où il n’y aura pas de problèmes.
Ca, c’est pour quelqu’un de normal. C’est encore pire pour les procrastinateurs.
Pour accomplir quoique ce soit, il faut planifier puis agir. Le procrastinateur ADORE planifier (parce que ce n’est pas agir). Malheureusement, il est encore plus mauvais à cet exercice qu’un être humain normal.
Sa façon de planifier est généralement vague et ses dates butoirs irréalistes. Il crée des situations où le succès est impossible, remplit ainsi sa prophétie et n’accomplit rien.
Hélas, cela ne nous empêche pas de continuer à remettre au lendemain et confier nos tâches à notre futur-nous.
Dans notre tête, futur-nous est un héros sans reproches ni distractions, un rouleau-compresseur que rien n’arrête.
Sauf qu’il y a un petit problème : futur-nous est imaginaire. Seul présent-nous existe, et il préfère s’enquiller 4 saisons d’une série en une semaine à la place d’écrire un super article sur la procrastination. (On me dit dans l’oreillette que je projette un peu.)
Ici et maintenant—le présent, est le seul moment qui existe.
Pas étonnant que rien ne se passe quand on repousse quelque chose dans le futur. Quand nous y sommes c’est de nouveau le présent, avec les mêmes problèmes que nous avions au moment où nous avons procrastiné.
Mais ce n’est pas tout.
Carotte au loin, mais c’est maintenant que j’ai faim
Plus le délai entre l’action et sa récompense ou son bénéfice est grand, plus nous sommes enclins à procrastiner. Plus le présent approche, moins nous avons tendance à faire des choix rationnels.
Cela s’appelle l’actualisation hyperbolique : nous avons tendance à faire le choix rationnel quand on pense au futur, mais au fur et à mesure que le présent s’approche, les considérations et tentations court-termes prennent le pas sur nos objectifs long-termes.
Nous préférons quelque chose maintenant même si nous savons qu’attendre est objectivement mieux, car nous évaluons mal les récompenses futures.
Même chose pour les risques, comme illustré dans la BD du site mymanymes.website :
En parlant de carotte, il se passe quoi quand il n’y en a pas ? Beh, pas grand chose non plus.
Pas de valeur, pas de labeur
Cette raison est évidente, pas besoin de s’étendre : on procrastine plus facilement sur ce qu’on n’aime pas faire.
Difficile de trouver la motivation de faire quelque chose dont on ne voit pas forcément l’intérêt ou qui est simplement désagréable à faire.
Cause de procrastination n°4 : Manque d'intérêt ou agréabilité.Cela correspond souvent aux tâches dans la catégorie des “corvées”.
C’est ennuyeux ? Douloureux ? Inconfortable ? Cher ? La récompense ou le bénéfice ne sont pas à la hauteur des efforts estimés à fournir ? Il y a de bonnes chances que nous procrastinions.
Tout ça semble confirmer le “nous sommes notre propre pire ennemi” …
SAUF QUE, nous ne sommes pas notre seul ennemi. (**Musique inquiétante**.)
Le monde complote contre moi
Une partie des plus grandes entreprises au monde et des scientifiques les plus intelligents travaillent dur tous les jours pour nous distraire et nous rendre accros à leurs technologies.
Je parle bien sûr de nos smartphones et autres devices en tous genres, des apps s’y trouvant avec leurs nombreuses notifications.
Un poil moins fun présenté comme ça, hein ?
Cause de procrastination n°5 : Environnement physique et digital trop distrayant.Notre quotidien est aujourd’hui farci de distractions. Sans action de notre part, la probabilité qu’une distraction nous trouve est quasi garantie.
Sachant que le système limbique dirige les débats chez le procrastinateur et qu’il est friand de distractions, bon courage pour résister.
Voilà, nous avons fait le tour des principales causes de la procrastination. Nous en savons suffisamment pour élaborer notre plan d’action.
Sus à la procrastination
Nous savons que :
- la procrastination résulte de facteurs internes et environnementaux,
- c’est un combat quotidien,
- on ne peut pas éliminer complètement la procrastination,
- procrastiner fait partie de notre identité quand cela dure depuis longtemps.
Il nous faut donc reconstruire jour après jour notre identité et mettre en place des systèmes pour nous empêcher de retomber dans nos travers.
Comme le dit James Clear, auteur de Atomic Habits :
We don’t rise to the level of our goals, we fall to the level of our systems. — James Clear
(Citation qu’il a adaptée de celle du poète grec Archilocus : “We don’t rise to the level of our expectations, we fall to the level of our training”.)
L’essence des tactiques pour lutter contre la procrastination tient en 3 propositions :
- Être conscient de ce qu’on fait,
- Créer des obstacles à la procrastination,
- Faciliter l’accomplissement de nos tâches.
Cela a l’air simple, mais ne vous trompez pas. Si ça l’était je n’aurais pas écrit plus de 9000 mots sur le sujet et vous ne seriez pas en train de me lire 😂..
⚠️ 3 petits avertissements avant de commencer ⚠️
1/ Certains des éléments ci-dessous sont contradictoires ou ne s'appliquent pas partout. Rares dans la vie sont les règles absolues ou fonctionnant en toutes circonstances. Chaque individu est unique, il faudra utiliser notre bon sens selon le contexte.
2/ Certains éléments ci-dessous semblent peut-être extrêmes ou demandant beaucoup d’efforts. La procrastination est un problème sérieux pour moi, j’ai de l’ambition et veux vivre ma vie avec intention. Pas la subir. Donc problème sérieux = solutions sérieuses.
3/ N’essayez pas d’être parfaits. La surrégulation rend malheureux et vous ne pourrez pas supprimer totalement la procrastination de toutes façons.
Notre but n’est pas d’être productif chaque seconde de la journée. Nous deviendrions fous et la qualité de notre travail diminuerait. Même Elon Musk passe du temps à déconner sur Twitter.
1. Se chopper au vol
La première étape critique dans notre croisade est d’être conscient qu’on procrastine dans l’instant.
Changer notre narration interne de procrastinateur qui a été renforcée année après année est extrêmement difficile. Nous allons devoir nous prouver jour après jour que nous pouvons y arriver, que nous sommes quelqu’un d’efficace.
Chaque action prise est un choix de notre part. Etre conscient de ses choix, mettre en évidence les mauvais et encourager les bons est donc la première étape.
Tenir des logs journaliers
Notons l’heure de début et fin de tout ce qu’on fait au cours la journée. (Vous aurez sûrement des surprises en voyant où votre temps disparaît.) C’est la technique de l’interstitial journaling.
Attention, encore une fois le but n’est pas de loguer chaque seconde ou de nous auto-flageller. C’est normal (et même conseillé) de s’accorder du temps non-productif.
Nous voulons simplement savoir où notre temps va pour pouvoir l’utiliser de façon plus proactive.
Le but est de déterminer où, quand, comment et pourquoi on procrastine.
Plus nos logs sont précis, plus notre stratégie pour surmonter la procrastination sera efficace.
Nous pouvons procéder :
- Manuellement : dans notre outil de prise de notes de choix (digital ou pas). Personnellement j'utilise Roam Research et vous pouvez voir un exemple de log journalier juste au-dessus.
- Automatiquement : avec des outils comme RescueTime. (Le mieux est de combiner les 2.)
Méditer
Euh, méditer c’est pas ne rien faire par définition ? C’est pas un peu contre-productif dans notre combat contre la procrastination ?
Nope. Je suis convaincu que la méditation est extrêmement bénéfique pour surmonter la procrastination (et de manière générale).
Deux raisons principales :
- La méditation développe la conscience de soi et de son environnement (sources ici, ici et là). Cela nous aide à être plus sensibles à nos schémas de pensées.
- La plupart des techniques de méditation nous entraînent à nous apercevoir que nous sommes distraits et de rediriger notre attention vers l’objet de notre concentration (notre souffle par exemple). La méditation est comme de la musculation pour notre capacité à diriger notre attention.
Se rendre compte que l’on procrastine et rediriger notre attention vers la tâche à accomplir est exactement ce qu’on veut faire ici. Donc méditons les amis. Apprenons à ne rien faire pour pouvoir accomplir ce qui compte !
Note : Il faut environ 2 mois d’une pratique de méditation régulière (disons 10-20 minutes 5x par semaine) pour voir des changements sur le cerveau. (Source.)
💡 Astuce bonus
Des indices de procrastination se cache dans notre vocabulaire.
Chaque fois qu’on dit “il faut que je”, ce n’est pas bon signe en général pour ce qui suit (fasse du sport, aille courir, perde du poids, …).
Soyons attentifs et remplaçons nos “il faut que je” par des :
- J’ai envie de,
- Je veux,
- J’ai choisi de,
- J’ai décidé de.
2. Pff ouais mais j’ai pas la motivation
La motivation est un de ces concepts universellement connu mais mal compris.
La motivation est une propriété émergente basée sur de nombreuses variables. C’est un calcul continu de notre probabilité estimée de succès sur une tâche donnée.
Elle n’est pas binaire. Ce n’est pas “j’en ai” ou “j’en ai pas”.
Nous passons des heures devant Netflix, des jeux vidéos, la télé, Instagram ou toute autre activité utilisée pour procrastiner et presque invariablement nous nous sentons coupables après.
Pourtant nous recommençons encore et encore, chaque jour.
Cela veut dire que notre motivation pour faire ces choses est plus grande que la culpabilité (i.e. souffrance) quotidienne qui en résulte.
Nous ne manquons pas de motivation, elle est seulement dirigée vers les mauvaises choses.
💡 Astuce rapide en passant : agissez immédiatement quand votre motivation est pointée dans la bonne direction.
La motivation est également liée à notre confiance en nous. Plus l’estimation de notre probabilité de succès est haute, plus nous avons confiance et plus notre motivation augmente en conséquence.
Probabilité de succès --> Confiance en soi --> Motivation
Nous devons influencer notre cerveau pendant son calcul de coût-bénéfice pour choisir sa prochaine tâche.
Motivation et volonté
La procrastination est fréquemment considérée comme un échec de notre volonté.
Pour rappel :
- Motivation : “J’ai envie de faire quelque chose”.
- Volonté : “Je me force à faire quelque chose”.
Or, des études récentes suggèrent que :
- la volonté peut être renforcée comme un muscle,
- nous en possédons une quantité finie facilement épuisable.
Donc, outre la motivation, plusieurs des techniques mentionnées dans cet article auront pour but de renforcer et suppléer notre volonté.
L’équation de la motivation
Dans son bouquin “The Procrastination Equation”, suite à l’analyse de nombreuses études sur le sujet, Dr. Piers Steel propose l’équation suivante pour manipuler sa motivation : Motivation = (Expectations x Value) / (Impulsivity x Delay).
En l’interprétant, cela donne :
Notre motivation diminuera si :
- La probabilité perçue de succès et la valeur de la tâche diminuent.
- Le délai entre action et récompense/résultat ainsi que notre propension à être impulsif augmentent.
Notre motivation augmentera si :
- La probabilité perçue de succès et la valeur de la tâche augmentent.
- Le délai entre action et récompense/résultat ainsi que notre propension à être impulsif diminuent.
En résumé selon lui, pour battre la procrastination il faut :
- Améliorer ses attentes et son optimisme,
- Augmenter la valeur de la tâche (la rendre plus plaisante à faire et plus gratifiante),
- Diminuer si possible le délai entre l'action et la récompense,
- Diminuer son impulsivité.
3. Améliorer son optimisme
Pour rappel, l’optimisme est un sentiment de confiance par rapport à l'issue d'une situation; un état d’esprit qui perçoit le monde et l'univers de manière positive.
Donc optimisme = confiance en soi + probabilité de succès estimée haute.
Or, comme nous venons de le voir : quand la probabilité de succès estimée et la confiance en soi augmentent, notre motivation augmente en conséquence.
Pour augmenter notre optimisme, il va donc falloir :
- Augmenter notre probabilité de succès,
- Augmenter notre confiance en nous.
Le courage est le remède ultime à la procrastination
La peur de l’échec et du jugement des autres nous conduit à procrastiner pour éviter les situations où nous pourrions y être sujets.
Sauf que ça ne tient pas debout. Eviter de faire une tâche parce qu’on a peur d’échouer garantie l’échec.
Imaginons la situation suivante : nous sommes dans un bar, cette personne nous plaît. La première étape logique serait d’aller engager la conversation. De cette conversation, nous aurons comme résultats possibles :
- l’échec : réjection, pas de futur envisageable avec cette personne,
- la réussite : tout autre scénario impliquant une rencontre future (numéro, rdv, …).
Si on choisit de ne pas aller engager la conversation par peur de se faire rejeter ou du ridicule, que devient notre probabilité de réussite ?
Elle passe à 0%. L’échec est la seule issue possible. Nous garantissons le résultat dont on avait peur à la base. Un tantinet irrationnel, non ?
Procrastiner est laisser sa peur diriger ses actions. Il nous faut donc du courage.
Attention, il ne s’agit pas d’éliminer ses peurs. Le courage n’est pas l’absence de peur, mais la volonté d’agir en dépit de celle-ci.
De la même façon, être confiant n’est pas garantir le résultat mais agir en dépit des incertitudes.
La solution pour augmenter son courage est à la fois simple et extrêmement difficile.
Il “suffit” de nous exposer répétitivement à ce qui nous fait le plus peur : l’échec. Pour devenir courageux ou confiant, il faut se planter un paquet de fois.
Pourquoi ?
On se rend compte de plusieurs choses :
- C’est rarement aussi difficile et dangereux qu’on l’imagine. Même si ça l’est, cela ne dure qu’un instant.
- Nous sommes toujours vivant. Nous avons survécu à l’échec. Nous pouvons en tirer des leçons. Nous ne sommes plus à l’école. La vie n’est pas un examen, nous pourrons toujours faire des corrections plus tard.
- Nous avons une chance non-nulle de succès, nous réussirons peut être.
Comme le dit tonton Churchill :
Success is stumbling from failure to failure with no loss of enthusiasm. — Winston Churchill
Le meilleur moyen d’augmenter sa confiance en soi n’est pas de réussir, mais de survivre à l’échec et d’en tirer des enseignements.
Pour réussir, il faut s’ouvrir à la possibilité de l’échec.
Gérer ses peurs avec la technique de Tim Ferriss
Apprendre à définir ses peurs et leur faire face est capital dans le développement de son courage.
Tim Ferriss est un auteur (notamment de “La semaine de 4 heures”), entrepreneur et investisseur américain.
Étant dépressif bipolaire, il est régulièrement au plus bas moralement (allant même jusqu’à des pensées suicidaires). Il a donc mis en place une méthodologie pour gérer ses peurs et éviter l’auto-destruction.
Il appelle ça “Fear Setting”, comme “Goal Setting” mais pour ses peurs.
Sa méthode consiste en l’écriture de 3 pages. La première page est l’étude précise de sa peur, la deuxième page des bénéfices potentiels de passer outre et la dernière page est l’évaluation du coût de l’inaction.
Dans toutes les étapes, il est primordial d’entrer autant que possible dans les détails.
📃 Première page
Faire un tableau à 3 colonnes et répondre à la question : Qu’est-ce qui se passerait si je … ? (fais cette action, prends cette décision).
- Colonne 1 : Définir : Quelles sont les pires conséquences imaginables si on fait ce qui nous fait peur ? (En noter 10 à 20).
- Colonne 2 : Prévenir : Que pourrions-nous faire pour empêcher ou diminuer la probabilité que ces conséquences se réalisent ?
- Colonne 3 : Réparer : Que pourrions-nous faire pour réparer les dégâts de ces conséquences ou à qui pourrions-nous demander de l’aide ?
Question bonus : Dans l’histoire de l’humanité, est-ce que des personnes moins motivées, moins intelligentes et avec moins de moyens ont réussi à faire ce qui nous fait si peur ? (Cette question pique l’ego souvent…)
📃 Deuxième page
Réfléchir pendant 10-15 minutes à la question suivante : Quels seraient les bénéfices de simplement essayer ou d’un succès partiel dans cette action ou décision qui nous fait peur ?
📃 Troisième page
Réfléchir pendant 10-15 minutes à la question suivante : Quels seraient les coûts (émotionnels, financiers, physiques, etc.) de ne pas agir ou ne pas prendre cette décision (et d’autres du même genre) ? A quoi ressemblerait votre vie dans 6 mois ? 1 an ? 3 ans ?
Il présente cette méthode dans un TED Talk que vous pourrez trouver ici.
Il y partage également deux citations intéressantes :
Easy choices, hard life. Hard choices, easy life. — Jerzy Gregorek
We suffer more often in imagination than we suffer in reality. — Seneca
La règle des 70%
Puisque la procrastination revient souvent à repousser le moment où on doit agir, toute tactique ou règle poussant à l’action est bonne à prendre.
La règle des 70% en est un exemple : quand on estime avoir 70% des informations, prendre une décision et passer à l’action.
Cela fonctionne sur les grands objectifs comme les petits, car elle nous donne de l’élan pour commencer à agir. De plus, l’être humain fournit ses meilleurs efforts quand il y a une perception de risque.
Appliquer la règle des 70% encore et encore nous aide à accomplir le plus difficile : réécrire notre narration interne progressivement, jusqu’à ce que notre état par défaut soit l’action.
La règle 90-90 : le piège des 10 derniers détails
Nos amis les développeurs se sont rendu compte que les derniers détails d’un projet peuvent prendre une quantité de temps incroyable.
Ils en ont fait une règle plus ou moins humoristique appelée la règle 90-90 : les premiers 90% du code représentent les premiers 90% du temps de développement. Les 10% restants du code représentent l’autre 90% du temps de développement.
Cette règle fait un peu écho à une citation de Reid Hoffman, co-fondateur de LinkedIn : “If you’re not embarrassed by the first version of your product, you've launched too late”.
C’est particulièrement difficile pour les perfectionnistes mais d’autant plus important pour eux.
La phase de peaufinage des détails en fin de projet peut prendre plus de temps qu’il en a fallu pour arriver jusque là et n’accomplit souvent que très peu : le principal est fait, ces détails restent… des détails.
Nous ferions mieux de publier nos projets un peu avant d’avoir le sentiment d’être fins prêts et d’ajuster au fil de l’eau.
On se noie dans le vague
Notre cerveau a beaucoup de mal à appréhender l’abstrait. Donc tout projet ou tâche vague sera intimidant et aura une probabilité de procrastination élevée.
La route la plus courte vers l’accomplissement de quoi que ce soit est une définition claire de ce qui doit être fait. Clarté = Efficacité.
Si on bloque sur la définition du travail à accomplir :
- Chercher ce qu’on veut faire sur Google et copier la définition de quelqu’un d’autre. On n’est certainement pas les premiers à attaquer ce problème, pas besoin de réinventer la roue à chaque fois. (Cela ne veut pas non plus dire qu’on n’a pas besoin de penser par nous-même, à nous de trouver l’équilibre.)
- Réduire au maximum le scope de notre tâche. C’est d’ailleurs une bonne habitude à adopter en général : découper ses projets ou tâches en étapes aussi petites et spécifiques que possible. Au pire, nous aurons plus de tâches à cocher dans notre to-do, ce qui est généralement satisfaisant.
Ne pas avoir non plus peur de “mal” définir le problème (i.e. ce que nous essayons d’accomplir). Il est pire de ne pas avoir de définition claire que d’en avoir une mauvaise. Nous pourrons toujours l’améliorer plus tard.
Dans le doute, définissons. Définissons mal. Tant que nous définissons, nous pourrons avancer.
Si c’est petit et spécifique, cela nous semblera plus gérable. Si ça nous semble gérable, notre motivation augmentera.
Créer des spirales de succès
Quand on enchaîne les objectifs atteints, la confiance dans notre capacité à réussir augmente.
Donc découpons nos projets en plusieurs sous-objectifs facilement atteignables pour maintenir un haut niveau de confiance.
Ne pas hésiter non plus à découper ses plus gros projets en sous-projets (un peu comme des sprints dans la méthodologie agile) avec des étapes et livrables intermédiaires pour rendre le tout plus réalisable, engranger les succès et gagner en confiance.
⚠️ Attention, il est important de savoir fixer correctement ses objectifs et de varier leur type (moyen, apprentissage et résultat) selon le contexte.
Par exemple :
- Objectif d’apprentissage : apprendre à utiliser la fonction query dans l’outil RoamResearch.
- Objectif de moyen : Ecrire minimum 200 mots et pendant 90 minutes chaque jour.
- Objectif de résultat : Publier l’article X le {date}.
💡 Quelques conseils à propos de la fixation d’objectifs personnels :
- Les objectifs doivent être mesurables : binaires (oui/non) ou quantifiables (chiffrés).
- Pour les objectifs les plus proches dans le temps, être aussi spécifique que possible et s’assurer qu’ils sont atteignables.
- Les objectifs à moyen terme doivent être (un peu) difficiles à atteindre et alignés avec nos envies au long terme.
- Par contre, plus un objectif est loin dans le temps, moins on doit être spécifique et plus il faut se concentrer sur des systèmes et habitudes. Il est tout simplement impossible d’anticiper ce qu’il se passera dans le futur, donc avoir des objectifs trop spécifiques au long terme est irréaliste.
Il y a en plus de grandes chances qu’on s’enferme dans une vie de misère auto-imposée selon la façon dont les choses se déroulent et que nous fermions la porte à de nombreuses opportunités. - Les objectifs ne sont pas gravés dans le marbre, on peut ajuster selon les circonstances.
- Au début d’un projet, de l’apprentissage de quelque chose de nouveau ou le développement d’une nouvelle habitude par exemple, préférer des objectifs de moyens plutôt que de résultats.
Important : célébrez et notez tous vos petits succès. J’ai par exemple intégré la pratique dans mon template de note journalière (screenshot ci-dessous, “3 Wins”).
Rentrons-nous dans le crâne que nous accomplissons nos objectifs et soyons-en fiers !
Victoires par procuration
Le pessimisme et l’optimisme sont contagieux. Des éléments externes peuvent influencer notre baromètre interne.
Pourquoi y a-t-il autant de vidéos de motivation sur Youtube à votre avis ? Parce que dans une certaine mesure, ça marche !
Créons-nous une playlist de vidéos motivantes (j’ai trouvé celle-là récemment) à regarder avec notre café du matin par exemple. Ou faisons une playlist de chansons qui nous boostent à écouter pendant qu’on bosse. Ou parlons régulièrement avec une personne qu’on admire. Ou relisons des passages de nos biographies préférées.
Pour l’anecdote, j’écoute en ce moment une playlist de métal (oui oui) pendant ma session journalière d’écriture. Je chante, je rebondis sur ma chaise, je headbang, je siffle… Mon énergie monte en flèche en concert avec ma motivation et ma concentration, malgré la violence de la musique (¯_(ツ)_/¯).
On peut choisir des contenus spécifiques en fonction de nos tâches : cette vidéo avant notre séance de sport, ce livre audio pendant qu’on fait le ménage, cette playlist de musique pendant qu’on code, ce podcast dans les transports avant de commencer la journée, etc. Varions les plaisirs et intégrons ces petites doses de motivation nos habitudes.
La technique du contraste mental
Cette technique consiste à imaginer avec le plus de détails possibles ce qu’on veut accomplir, puis de le contraster avec notre situation actuelle.
Cela présente notre situation actuelle comme un obstacle à franchir pour réaliser nos objectifs et relancera nos efforts.
Attention cependant, ne faire que l’étape de visualisation sans la contraster avec notre situation actuelle pourra potentiellement drainer notre motivation.
Je conclus cette partie sur l’optimisme avec un (nouvel) avertissement : être trop optimiste n’est pas bon non plus. Il faut être un optimiste rationnel : espérer le meilleur mais se préparer pour le pire.
Observons avec attention nos différentes tendances de procrastination et préparons des plans de secours avec une série de méthodes pour y répondre.
4. Augmenter la valeur de la tâche
Que faire de ces tâches et projets qui sont juste chiants ou sans intérêt ? Comment pouvons-nous augmenter leur valeur à nos yeux pour trouver la motivation de s’y atteler ?
Plusieurs études montrent, par chance, que la notion de valeur est relative et peut être plus ou moins fabriquée de toutes pièces dans notre cerveau. (On peut tricher.)
Les scientifiques ont identifié 6 façons d’injecter de la valeur dans nos tâches et projets :
- L’état de Flow,
- Notre niveau d’énergie,
- Le sens,
- Les récompenses,
- La passion,
- La ludicité et plaisir.
Le Flow
Entrer dans un état de Flow est un excellent moyen de passer outre la procrastination.
Qu’est-ce que le Flow ?
Le Flow est un état de conscience où nous sommes tellement concentrés que tout le reste disparaît et la notion du temps est déformée. Nous nous sentons et performons le mieux pendant cet état de Flow.
Pour entrer dans un état de Flow, il faut créer une émission de dopamine (elle resserre la concentration).
5 déclencheurs pour ça :
- Le risque,
- La nouveauté,
- La complexité,
- L’imprévisibilité,
- La reconnaissance de schémas (pattern recognition).
Quelques exemples :
- Quand la tâche est ennuyeuse, augmenter la difficulté jusqu’à être proche de la limite de nos capacités.
- Changer d’endroit pour travailler. Aller dans un café par exemple.
- Changer la couleur de la page, la police.
Pour en apprendre plus sur le sujet, je vous conseille la lecture de ce bouquin par le psychologue qui a découvert le concept.
Gérer son niveau d’énergie
Quand on a pas beaucoup d’énergie, tout devient plus difficile.
Selon notre rythme circadien, nous avons des moments dans la journée avec plus ou moins d’énergie. Il nous faut donc planifier nos tâches les plus importantes et difficiles dans les moments où notre énergie est la plus haute.
Si vous n’êtes pas certains quand exactement sont vos moments de haute énergie, notez cette information dans vos logs journaliers (cf. la section “Tenir des logs journaliers”). Notez par exemple “14:32 énergie basse”, “16:48 énergie haute”, etc. Faites ça pendant un mois à peu près puis regardez les tendances.
On peut ensuite mettre ces plages de haute énergie dans nos calendriers, et ajouter un qualificatif d’énergie requise pour l’accomplissement de nos tâches. Puis planifier en conséquence. (J’utilise Notion pour ça, screenshot ci-dessous).
Je ne m’étendrai pas sur les moyens d’augmenter son énergie, en voici quelques uns :
- Bien s’hydrater.
- Bien dormir.
- Faire de l’exercice.
- Musique, vidéos motivantes.
- Environnement bien rangé (le bordel est épuisant apparemment).
- Diminuer le nombre de décisions à prendre chaque jour.
Donner du sens à sa tâche
Autrement dit, mettre la tâche en perspective. La connecter avec ce qui est vraiment important.
Dans quel but faisons-nous cette tâche ?
💡 Utiliser la technique Toyota des 5 “Pourquoi” si besoin (demander pourquoi 5x fois d’affilée).
Par exemple : on va courir aujourd’hui parce qu’on veut perdre du poids > pour être mieux dans notre corps > pour être en meilleure santé > pour vivre plus longtemps > et ainsi passer le plus de temps possible avec nos enfants.
Résultat : je sors courir pour vivre plus longtemps et pouvoir passer le plus de temps possible avec mes enfants. Tout de suite plus motivant.
S’offrir des récompenses
Nous avons vu que le risque de procrastination est plus grand quand la récompense ou le résultat d’une tâche est loin dans le temps. Alors si en plus la tâche elle-même est chiante…
La solution est de s’offrir une récompense à la complétion de ce genre de tâches. On peut s’offrir un snack, quelques minutes sur notre réseau social préféré (Twitter perso), un épisode de Brooklyn 99, etc.
Travailler sur ce qui nous passionne
Évidemment, le moyen le plus sûr d’augmenter la valeur d’une tâche est de travailler sur quelque chose de passionnant.
Même une tâche désagréable en soi sera largement plus supportable dans le cadre d’un sujet qui nous passionne.
Rendre ludique et plaisant
Même si la tâche elle-même est chiante, les moyens pour l’accomplir n’ont pas à l’être. (Cette technique fonctionne très bien pour moi.)
Tout devient plus facile quand notre environnement et nos outils de travail nous procurent du plaisir.
On peut par exemple, s’acheter des stylos, carnets, ordinateurs et autres fournitures de bonne qualité, utiliser des outils dont on trouve l’utilisation plaisante (vous l’aurez peut-être deviné mais personnellement je passe autant de temps que possible dans Roam Research et Notion), investir dans du bon café ou thé, dans une belle théière, dans un casque réducteur de bruit…
Construisons un environnement de travail et de vie qui nous plaisent. Appliquons-nous aussi à avoir un rendu de notre travail visuellement plaisant pour titiller notre fierté.
Bien sûr, si cette tâche est accomplie avec des personnes qu’on apprécie, c’est encore plus facile !
5. Diminuer son impulsivité
A cause du système limbique, l’impulsivité est une des principales causes de procrastination.
Il faut considérer les distractions qui nous entourent comme des adversaires intelligents. Imaginons que nous avons une personne dans notre tête (i.e. le système limbique) travaillant sans relâche à nous convaincre de succomber à ces plaisirs immédiats.
Puisque nous sommes plus rationnels dans notre phase de planification que dans l’action, profitons-en pour instaurer des mesures préventives.
Prendre les devants
Il y a deux façons d’anticiper ses impulsions : rendre les distractions impossibles ou difficiles d’accès et rendre l’échec douloureux.
Voici quelques exemples de tactiques :
- Pré-engagement : payer ou s’engager à l’avance.
- Donner de l’argent à un(e) ami(e) ou sur le site StickK avec comme instruction de faire une donation à quelqu’un (ou un parti politique, une association, …) qui nous dégoûte si on procrastine sur la tâche en question.
- Parler de sa tâche ou son projet à un maximum de ses connaissances et à qui on devra ainsi rendre des comptes (et probablement être jugé(e)) en cas d’échec.
- Planifier ses journées le matin et faire un bilan le soir (cf. mon template journalier plus haut). De cette façon, il est impossible de glisser notre procrastination sous le tapis. (Faire ce procédé également hebdomadairement et trimestriellement est aussi extrêmement puissant.)
- La règle des 10 secondes : mettre les distractions à 10 secondes de soi. Si ce n’est pas possible, compter jusqu’à 10 avant de s’adonner à une distraction.
- Utiliser le “Time-Blocking”. Bloquer des plages horaires à l’avance où on est obligés de travailler sur une seule chose et rien d’autre. Soit on avance, soit on glande mais interdit de faire quoi que ce soit d’autre. Par exemple, j’ai 1h-1H30 de bloquée la plupart des jours de la semaine de cette façon pour écrire.
- Contrôler son environnement digital et physique. Couper toutes les notifications, bloquer les sites distrayants (avec RescueTime par exemple), utiliser un casque anti-bruit, avoir un espace dédié uniquement au travail, nettoyer son bureau, mettre son téléphone mode avion ou silencieux, couper internet, mettre un panneau “ne pas déranger” pour ses collègues ou proches, etc.
- Eviter de faire du multitâche : il y a un coût en concentration de passer d’une tâche à l’autre, on perd à chaque fois quelques minutes pour se remettre dedans et on risque de procrastiner pendant ces instants. Donc préférer des périodes longues de travail sur une même chose (ou type de chose, traiter tous ses mails d’un coup à une certain heure par exemple).
Créer une routine
L’être humain est une créature d’habitude. Créer une routine autour des choses sur lesquelles on procrastine est extrêmement efficace.
Pourquoi ?
Quand un comportement est une habitude, nous n’avons pas à prendre de décision dans l’instant pour le faire. C’est automatique. (Je ne sais pas vous mais personnellement, je n’ai pas à débattre intérieurement avant de me laver les dents.)
Comment créer une habitude ?
Le plus important lors de la création d’une habitude est la fréquence à laquelle on s’y tient, au-delà de sa durée dans le temps.
Au début, commencer aussi petit que possible. Utiliser les règles des 2 minutes et des 2 jours. (Pour en savoir plus sur la création d’habitudes, allez lire l’excellent livre de James Clear, “Atomic Habits”).
Règle des 2 minutes : Tout objectif ou habitude peut être commencé en moins de 2 minutes.
- Vous voulez devenir écrivain ? Ecrivez une phrase toutes les 2 heures.
- Vous voulez perdre du poids en manger plus sainement ? Mangez une tranche de fruit.
- Vous voulez aller courir 3 fois par semaine ? Tous les lundi, mercredi et vendredi, mettez vos habits de sport, passez le pas de la porte et revenez à l’intérieur.
Définir la plus petite première étape possible, et la répéter autant de fois qu’on y pense.
La règle des 2 jours sert à maintenir notre élan : ne jamais sauter 2 jours d’affilés dans l’habitude qu’on essaye d’adopter.
Ces pratiques sont presque magiques grâce à deux concepts : l’inertie et la puissance des petits gains.
Bien souvent, lorsqu’on accomplit cette première mini-étape, on ne s’arrête pas là.
On se sent presque bête : “maintenant que je suis là autant continuer”.
On n’écrit pas juste un phrase mais un paragraphe ou plus. On ne passe pas juste le pas de la porte on va courir autour du pâté de maisons.
Parce que les êtres humains, comme les objets, sont sujets à l’inertie.
Si on est immobile (ou inactif), on a tendance à le rester. Si on est en mouvement (ou actif), on a tendance à continuer.
Quand on fait des progrès sur une tâche, on nourrit son estime de soi, ce qui calme le système limbique. L’envie de procrastiner sera alors toujours présente mais nettement moins forte.
De plus, quand on a avancé aux ~2/3 dans sa tâche, un déclic se fait. La fin est en vue. Les récompenses et le plaisir deviennent suffisamment proches (et en plus mérités) que notre système limbique et cortex préfrontal s’alignent pour le sprint final.
Toute trace de procrastination disparaît et l’état de Flow n’est souvent pas loin.
Même si d’un jour à l’autre on a l’impression qu’on n’atteindra jamais de résultat satisfaisant à ce rythme, après un an les résultats seront surprenants. C’est la puissance des petits gains cumulés.
Ecrire 200 mots par jour devient 73 000 mots en un an, soit l’équivalent d’un livre non-romanesque moyen.
Si on progresse d’1% chaque jour, on sera 37 fois meilleur(e) à la fin de l’année.
Tout succès impressionnant est en fait une succession de petites étapes banales vues de loin.
Nous devons viser un progrès lent et constant. On ne change pas sa narration interne du jour au lendemain.
L’accumulation de progrès quotidiens, même minuscules, nous transformera en une personne différente un an plus tard.
“L’important est de faire le premier pas”, comme dit l’adage. Enfin, oui et non. C’est un peu trompeur. Cela donne l’impression qu’il y a un nombre de pas fini à faire et suggère qu'après un pas il se passe quelque chose.
En fait, ce “premier pas” magique n’existe pas. Puisque seul cet instant existe, tout pas que nous faisons est le premier, donc aucun ne l’est vraiment.
Le seul pas qu’on peut faire est celui qui est devant nous maintenant. Puis celui d’après, encore et encore.
OK, nous avons des techniques pour prévenir la procrastination et d’autres pour la combattre dans le moment. Ce n’est pas toujours la bonne solution. De temps en temps, il faut l’embrasser et aller dans son sens.
6. Procrastiner intelligemment
Puisque nous ne pourrons vraisemblablement pas éliminer la procrastination de notre vie. Cela veut bien dire que nous procrastinerons de temps en temps.
Ce n’est pas grave : des fois, la meilleure chose à faire est justement de ne pas lutter.
La procrastination peut conduire à la dépression certes, mais une lutte obsessive à son encontre n’est pas non plus une bonne idée.
Cela ne veut pas dire pour autant qu’on se résigne à encaisser les conséquences négatives engendrées.
Nous pouvons être malins et anticiper un minimum.
Optimiser sa procrastination
Il est plus facile d’améliorer un processus existant que de le changer.
Pour les adeptes de la dernière minute qui s’en sortent globalement, la question serait alors plutôt de réduire la panique ressentie et d’améliorer la qualité du rendu.
Les tâches faites à la dernière minute sont généralement celles que nous sommes sûrs de pouvoir accomplir ou de moindre importance.
Pour ces tâches avec une importance modérée, procrastinons jusqu’aux derniers instants. Le simple fait de se donner la permission réduira la panique induite.
Les tâches importantes où nous sommes suffisamment confiants pour procrastiner sont souvent des tâches que nous avons déjà accomplies dans le passé ou serons amenés à reproduire plus tard.
Nous pouvons donc créer des templates, des automations, des Standard Operating Procedures et pré-mâcher le travail autant que possible. De cette façon, quand la fameuse dernière minute arrive, nous n’aurons qu’à dérouler et le rendu sera meilleur.
Certaines tâches méritent d’être ignorées
Soyons clairs, beaucoup des tâches dans nos to-dos ne méritent pas notre temps.
Nous avons une quantité de temps limitée, c’est évident. Cependant, en tenant des logs journaliers cette notion prend une dimension supplémentaire dans notre esprit. (C’est en tout cas ce qu’il s’est passé pour moi.)
Sachant que de toutes ces heures de travail, seules quelques unes sont de qualité optimale, avec un bon niveau d’énergie et de concentration, la conclusion est claire.
Nous devons absolument être beaucoup plus stricts dans l’utilisation de notre temps et activement prioriser (et déléguer) nos tâches.
Si nos meilleures heures chaque jour sont utilisées pour des tâches de moindre importance, la magie des petits gains devient la malédiction des petites pertes.
C’est une autre des raisons pour laquelle je score mes tâches avec un montant d’effort requis, d’impact sur mes objectifs et de temps requis pour les accomplir.
Dans ce cas, la procrastination est un signal que nous devons écouter. Nous avons peut-être trop de choses à faire, ou nos projets ne sont pas alignés avec nos objectifs ou encore nous avons subconsciemment détecté un problème.
Il s’agit souvent des tâches de la catégorie des corvées, qu’on peut diviser en 2 types :
- Celles qui disparaissent si on les ignore,
- Celles qui empirent avec le temps.
Pour le premier type, procrastinons gaiement. Le second type sont celles que nous devrions faire tout de suite autant que possible.
Le proverbe “Ne remet pas à demain ce que tu peux faire aujourd’hui” qui logiquement nous conduirait à travailler non-stop, devient : “Ne fais jamais aujourd’hui ce qui pourrait disparaître demain”.
Pour réussir, nous devrons même parfois procrastiner sur les deux types de corvées au profit des tâches réellement importantes à l’atteinte de nos objectifs.
La procrastination structurée
Procrastiner ne veut pas forcément dire qu’on ne fait rien. C’est rarement le cas. On fait souvent des choses marginalement utiles pour éviter ce qui l’est vraiment.
La technique de la procrastination structurée, aussi appelée procrastination productive ou procrastination positive, tire parti de ce travers. Elle consiste à faire jouer deux défauts l’un contre l’autre : notre tendance à procrastiner et notre capacité à nous auto-tromper.
(Note : dans le cadre de cette technique ou pas, j’ai constaté personnellement qu’avoir plusieurs projets importants actifs en même temps m’était bénéfique. Quand l’envie de procrastiner sur un projet donné me prend, je peux souvent rediriger ma motivation vers un autre projet. Je procrastine d’un côté et avance de l’autre.)
Comment fonctionne cette technique ?
On classe sa to-do par urgence et importance. Tout en haut de cette liste, on y met des tâches ayant l’air très importantes (mais ne le sont pas vraiment) avec des deadlines imminentes (mais pas vraiment).
C’est une technique auto-trompante. Cela tombe bien, les procrastinateurs sont très bons dans ce genre d’exercice (je le ferais demain, promis).
La clé est de réussir à se convaincre de l’importance et urgence exagérées des tâches que nous avons artificiellement mises en haut de la liste.
Si ça marche, vilain procrastinateur que nous sommes, nous aurons tendance à éviter ces tâches et s’atteler à celles situées en dessous. Ces dernières sont les tâches réellement importantes. Procrastiner aura donc un impact positif.
Voilà ! Nous avons fait le tour des techniques que j’avais à partager, voyons maintenant le protocole général pour avancer avec notre procrastination au quotidien.
Protocole anti-procrastination
Une grande partie de la bataille contre la procrastination est dans la préparation et l’anticipation, mais quand l’inévitable arrive, c’est important d’avoir une méthode sous le coude pour se rattraper aux branches.
Le protocole décrit ici sous-entend que vous avez pris toutes les mesures préventives et donne une méthodologie pour agir dans l’instant.
Etape 1 : Me rendre compte que je procrastine
Forcément, pour agir il faut être conscient qu’on procrastine. Avec notre daily log et la méditation, cela devrait être plus facile.
Etape 2 : Quelle est la cause de ma procrastination ?
Quelle partie de l’équation de la motivation me pose problème ?
Quand je m'imagine faire la tâche :
- Est-ce que je trouve ça ennuyeux ? Douloureux ? inconfortable ? Trop cher ? Est-ce que je doute que la complétion de la tâche vaille le coup ? Est-ce que la tâche n'avait finalement pas tant de valeur que ça ? Est-ce que je suis inquiet ou effrayé de ce qui se passera si je complète la tâche ?
👉 Si oui à une de ces questions, le problème est la valeur qu’on accorde à la tâche. - Est-ce que je pense que j'ai de bonnes chances de réussir ? Est-ce que je pense que c'est dans mes cordes ? Est-ce que je pense que je vais vraiment récolter les fruits de mes efforts ?
👉 Si non à une de ces questions, le problème est notre pessimisme. - Combien de la récompense arrivera après un délai significatif ? Quelle est la longueur de ce délai ?
👉 Le problème vient du délai trop long entre l’action et la récompense. - Est-ce que je suis impatient ? Facilement distrait par d'autres tâches pour lesquelles j'ai également des problèmes de délai + impulsivité et valeur ?
👉 Problème d'impulsivité. - Si ma tâche a un problème de délai + valeur + pessimisme, est-ce que je suis sûr que je devrais faire cette tâche ? Peut-être pas ou devrais-je la déléguer ?
Etape 3 : J’utilise plusieurs tactiques en fonction des problèmes identifiés
Reprendre les tactiques énumérées au cours de l’article ou aller consulter le tableau qui les répertorient toutes en bas de l'article .
Etape 4 : Si je procrastine toujours, retour à l’étape 2
⚠️ Attention : les tactiques doivent être apprises, comprises et pratiquées potentiellement pendant un moment avant qu’elles ne soient vraiment efficaces. Elles ne fonctionneront peut-être même pas pour vous et vous devrez en créer d’autres.
Conclusion
Nous voilà (enfin) arrivés à la fin de notre voyage dans les abîmes de la procrastination. Normalement ça fait beaucoup d’information d’un coup. La petite voix dans votre tête devrait être en train de vous sussurer : “On verra comment appliquer tout ça plus tard…”
On peut comprendre, difficile de savoir par quel bout attaquer, n’est-ce pas ?
Mais non ! Pas d’excuses. Commencez maintenant. Par quoi ? Je vous propose 2 solutions :
- Commencez vos logs journalier. La première étape est de se rendre compte où notre temps disparaît et de l’ampleur du problème.
- Il est possible que certaines parties de l’article vous ont plus parlées que d’autres. Retournez à ces parties et choisissez en une. Attaquez par ça.
Commencez par quelque chose de minuscule, mais faites-le maintenant.
Dans la vie ou dans notre combat contre la procrastination, seul le présent compte. Concentrons-nous à faire le pas devant nous, chaque jour. L’année prochaine qui sait, nous serons peut être différents.
TL;DR (Trop long; j’ai pas lu, aka le récap.)
Qu'est-ce que la procrastination ?
- Procrastiner est délayer volontairement un plan d'action tout en sachant que le délai aura un impact négatif.
- Il n'existe pas de solution définitive à la procrastination.
- La procrastination n'est pas un problème, mais une "solution" créée par notre cerveau pour nous protéger et / ou accomplir nos tâches le plus parcimonieusement possible. Sauf que cette "solution" est généralement incompatible avec l'accomplissement de nos objectifs et notre réussite personnelle.
- Comme tout problème de l'esprit, la procrastination résulte de fonctions normales de notre cerveau qui échappent à notre contrôle.
Pourquoi procrastine-t-on ?
- Des zones de notre cerveau ont des objectifs différents et sont en compétition constante pour contrôler notre comportement.
- Dans le cas de la procrastination, le système limbique (centre du plaisir, des émotions et des impulsions entre autres) se bat avec le cortex préfrontal (responsable par exemple du contrôle de soi, de la planification, prise de décision et contrôle des impulsions) et gagne trop souvent.
- Autrement dit, la procrastination résulte dans l'écart entre notre état d'esprit lors de la planification de nos tâches et leur accomplissement. C'est presque comme si on était une personne différente. Notre système limbique a trop d'influence sur nos actions.
- Nous avons peur d'échouer et du jugement des autres.
- Nous avons une relation compliquée avec le temps, notamment une vision faussée du futur. (Voir le biais de planification, l'actualisation hyperbolique).
- Nous trouvons ce qu'il y a à faire désagréable ou sans intérêt.
- Notre faible capacité à contrôler nos impulsions en combinaison avec le monde digital d'aujourd'hui et notre environnement de travail immédiat nous éloignent de l'essentiel.
- Nous n'avons pas confiance en nous et dans notre capacité à accomplir nos tâches.
- Quand elle est sévère et à cause de la mémoire courte de notre système limbique, la procrastination fait partie de notre identité et devient une prophétie auto-réalisatrice. Ce sera quoi qu'il arrive un combat quotidien.
Comment surmonter la procrastination ?
L'essence de toutes les techniques pour lutter contre la procrastination tient en 3 propositions :
- Être conscient de ce qu'on fait,
- Insérer des obstacles à la procrastination,
- Faciliter l'accomplissement des tâches.
Ci-dessous le tableau avec toutes les techniques mentionnées au cours de l'article.